Avec ce roman, Nicolas Reading livre la vision sans concession d'Arthur sur la vie, sa vie. Âpre, brusque, égocentré, ce récit fait de ce jeune homme d'une vingtaine d'années un écorché vif. La mise à l'écart du sentiment d'amour et de son corps sont les alternatives qu'il a trouvées pour redonner du sens à une déception si violente que l'abandon lui semble être l'unique rampe de sortie. Il décide donc de vendre son corps aux mecs. Sucer, se faire prendre, se faire remplir pour devenir « La Salope » par excellence. Déshumanisant, sans attrait particulier, si ce n'est de satisfaire, d'encaisser, de se rassasier quand les autres se vident en lui. De moments trash à des envolées poétiques, du burlesque au philosophique, ces étreintes masculines où il n'est que l'objet laissent transparaître un bien triste constat : s'emmurer dans la solitude la plus totale. Plus d'affect, n'être qu'à dispo, s'en satisfaire, y trouver une propre jouissance dans le plaisir des autres. L'argent facile n'efface pas pour autant les péchés de chair dans lesquels il s'enfouit et pourtant, elle traduit un LA SALOPE malaise, une prise de conscience qui saura être à un moment donné un électrochoc. Arthur n'est pas dupe de sa condition et ses excès, il est maître de cette résignation volontaire qui le déshumanise de mal en pis. Soubresaut nécessaire pour éprouver qui il est et ce qu'il désire vraiment, Nicolas Reading décortique l'intimité sauvage de son personnage pour que flirter avec l'interdit donne du sens à son existence.